A review by lessidisa
Le feu du ciel by Mary Renault

5.0

Livre transcendant. L'un des trois meilleurs livres que j'ai lus dans cette vie, avec Cent ans de Solitude et La Loterie. L'autrice utilise un style onirique qui donne l'impression de lire à propos des dieux de l'Olympe. Pourtant on lit un roman qui met en scène des personnes réelles, mais qui existaient dans les années -300 avant Jésus-Christ.

Dans les premières pages j'étais époustouflée par ce livre mais aussi déçue que le roi Philippe et la reine Olympias, parents d'Alexandre le Grand, s'insultent comme des poissonnières. Je trouvais leur niveau de langue inadéquat pour des souverains et pour un livre. Cependant j'ai fini par comprendre, ou décider, qu'un bas niveau de langage représentait le macédonien ou autres langues barbares, et un haut niveau le Grec™. Il ne faut pas s'arrêter à cet inconvénient car il n'est présent qu'au début du livre, ensuite les personnages parlent correctement. Par contre c'est un livre assez confus, on ne comprend pas toujours bien de qui on parle, mais on finit par s’accommoder de cette situation.

Un conseil : quand vous le lirez notez bien les mésaventures de Pausanias, c'est important pour la suite.

C'est un livre unique. Je suis bien contente qu'il s'agisse d'une trilogie.


Elle imposa silence à sa colère, dont la cible était ailleurs, lui apporta un souper fait de tous les petits plats que Léonidas avait bannis et lui posa la tête contre ses seins pour lui faire boire un vin doux épicé. Quand il lui eut expliqué tout le problème comme il parvenait à le comprendre lui-même, elle l'embrassa, le borda, et partit au comble de la rage dire son fait à Léonidas.
La tempête secoua le palais, comme un choc de dieux au-dessus de la plaine de Troie.


Tandis que les Skopiens riaient et juraient d'admiration, le fendoir, chaud, gluant, poisseux, à l'odeur crue, lui fut mis en main. Il s'agenouilla près du corps, se contraignant à garder les yeux ouverts, attaquant opiniâtrement l'os du cou, s'éclaboussant de lambeaux de chair sanglante jusqu'au moment où la tête roula, libre. Saisissant à pleine main les cheveux morts - plus tard, au plus secret de son âme, aucune voix ne devrait pouvoir lui dire : voici quelque chose que tu n'as pas osé faire - il se releva, bien droit.


Il était le témoin. Il était monté là-haut pour tenir entre ses mains la vie d'Alexandre, à qui il avait demandé s'il pensait ce qu'il avait dit. C'était son serment d'amitié.
Comme ils redescendaient par le grand noyer, Héphaistion repensa à l'histoire de Sémélé, aimée de Zeus. Il lui était apparu sous la forme d'un homme, mais ce n'était pas assez beau pour elle : elle avait demandé l'étreinte du dieu dans toute sa majesté. Elle n'y avait pas résisté, elle avait été brûlée vive. Il lui faudrait se préparer, lui aussi, au contact du feu.


Les énormes branches ancestrales s'étendaient au-dessus de lui, morcelant la pâle lueur du soleil. Le tronc central montrait les plissements et nervures de son âge : dans ses fissures, de petits objets votifs avaient été lancés par des fidèles, à des époques si reculées que l'écorce les avait presque engloutis. Une partie s'effritait de pourriture et était mangée par les vers. L'été aurait révélé ce que cachait la nudité d'hiver : certains des principaux membres étaient morts. Sa première racine avait jailli du gland quand Homère était encore en vie ; son temps était proche.


- " « Les dieux ont de nombreux visages », dit Euripide ".
- Euripide a écrit pour des acteurs. Des masques pourrais-tu dire. Oui, des masques. Certains jolis, d’autres non. Mais un seul visage. Un seul.