A review by julie_claudette
Mers mortes by Aurélie Wellenstein

5.0

Les personnages – 8/10
J’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à Oural parce que je l’ai trouvé extrêmement prétentieux. Evidemment, le sort de tous les survivants du Bastion qu’il protège dépend de lui et il est clairement doué dans son rôle. Cependant, je ne pense pas que ce soit une raison suffisante pour se comporter comme un « Petit Prince » capricieux. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé le voir se faire bousculer par les pirates.
Malgré ses actes et son comportement à certains moments, j’ai préféré Bengale. Contrairement à Oural, il a conscience que les enjeux sont bien plus grands que lui-même et il est prêt à tout pour accomplir sa mission. J’ai apprécié sa détermination et son engagement.
La relation qui se tisse entre ces deux personnages est particulièrement intéressante et j’aurais aimé que l’autrice s’y attarde un peu plus. Mais clairement, ce n’était pas le propos ici.
Le reste de l’équipage est assez oubliable. Leurs passés respectif sont pleins de violence et leurs comportement reflètent ces passages houleux de leur vie. Leur dévotion à Bengale m’a semblé plutôt ridicule.
J’ai été très touchée par Trellia et je n’ai eu de cesse de m’inquiéter, tout au long de ma lecture, qu’elle ne soit victime de la plume incisive et sans pitié d’Aurélie Wellenstein. Sa relation avec Oural est pleine de respect et d’amour. J’ai énormément apprécié cette note d’espoir.

L’atmosphère – 9/10
Les scènes dans lesquelles Oural cauchemarde à propos des atrocités passées qu’ont fait subir les humains aux animaux marins sont particulièrement violentes. Elles le sont d’autant plus que ce qui pour lui se situe dans le passé, reflète cruellement la réalité qui est la notre aujourd’hui. Et le fait que ces passages soient relatés du point de vue des animaux torturés rend toute cette horreur encore plus insupportable. En comparaison, la mort violente de certains personnages humains semble presque dérisoire. Vous êtes prévenus, c’est particulièrement difficile.
Si les personnages secondaires ne sont pas inoubliables, la franche camaraderie qui se dégage de leur équipage pirate est attendrissante et contraste agréablement avec la gravité des événements qui surviennent pendant les marées fantômes et les cauchemars du personnage principal.
Les rares moments de calme entre deux vagues permettent à l’autrice de développer la psychologie de ses deux principaux protagonistes et la relation complexe qui se tisse entre eux.

L’écriture – 10/10
Quand j’ai découvert Le dieu oiseau l’an dernier, j’avais peur que le récit soit trop difficile à supporter pour moi. Finalement, j’ai eu exactement ce à quoi je m’attendais et la preuve que je suis plus résistante que je ne le pensais XD. Avec Mers mortes, Aurélie Wellenstein démontre une nouvelle fois l’étendue de son talent.
Sa plume est incisive et vibrante de toute la douleur qu’elle parvient à insuffler à ses mots. Elle frappe exactement là où ça fait mal et son message pourrait bien éveiller (enfin !) les consciences de ses lecteurs.

L’histoire – 10/10
Si on passe outre l’aspect fantastique du récit (les marées fantômes, les spectres d’animaux vengeurs, les pouvoirs magiques des exorcistes, etc.), la crédibilité du futur qu’envisage l’autrice dans ce roman est incroyablement alarmante. Le lecteur ne peut qu’être horrifié par cet avenir criant de réalité que lui suggère Aurélie Wellenstein.
Le sujet est abordé de manière directe. Les additions à l’intrigue ne font que renforcer la puissance du message transmis par l’autrice.
On entre directement dans le vif du sujet avec une première marée fantôme qu’on a à peine le temps d’assimiler que l’équipage d’un monstrueux navire fantôme débarque pour enlever Oural.
Les événements s’enchaînent et malgré un léger effet de répétition quand arrivent les marées, l’ennui n’est jamais au rendez-vous.
La mission dont est investi Bengale devrait résonner en chacun de nous. Cette histoire, au-delà de l’horreur qu’elle révèle, est inspirante. C’est un récit engagé qui pousse à réfléchir sur le rôle que nous avons tous à jouer pour sauvegarder notre planète.

La fin – 10/10
Je ne vais pas entrer dans les détails pour ne pas spoiler quoi que ce soit.
J’ai lu une critique qui parlait d’une fin ouverte. Vous savez que je déteste ce genre de conclusion. Et pour le coup, je ne considère absolument pas la fin de Mers mortes comme étant ouverte.
Elle m’a bouleversée, brisé le cœur. Et il y a longtemps que je n’avais pas été aussi émue par le dernier chapitre d’un roman.

Le plaisir – 7/10
Et l’un des raisons pour lesquelles il y a si longtemps que je n’avais pas été touchée par un dernier chapitre pourrait être qu’il m’a fallu 18 jours pour en venir à bout. Autant dire une éternité.
J’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire. La faute n’en revient qu’à moi. J’ai pris beaucoup de retard dans ma lecture des trois derniers finalistes du #PLIB20 et ma motivation a complètement disparue. Je me retrouve donc à courir après les derniers jours qui me restent pour compléter mes lectures, partager mon avis et voter.
Cependant, la seconde partie du récit m’a complètement embarquée et je l’ai dévoré en quelques heures.