A review by okenwillow
La Symphonie pastorale by André Gide

3.0

Que celui qui n’a pas vu le film de Jean Delannoy lève le doigt ! La symphonie pastorale fait partie du patrimoine cinématographique français qu’on ne présente plus, mais c’est aussi un roman assez poignant malgré sa brièveté. Comme je le dis souvent au sujet des romans (trop) courts, celui-ci aurait gagné en longueur.

Le pasteur qui recueille la jeune aveugle réussit à force de dévouement à communiquer avec celle qui passait pour une attardée, et parvient à la maintenir dans un état d’innocence et de bien-être, la laissant ignorante du péché et du Mal. Pour Gertrude, tout n’est qu’amour, et celui qu’elle porte à son protecteur lui semble naturel, car l’amour ne peut pas être le Mal. Tiraillé entre ses sentiments pour Gertrude et ses convictions religieuses, le pasteur n’en refuse pas moins l’amour que porte son fils Jacques à Gertrude. Les tendances religieuses de se dernier penchent pour le catholicisme, ce qui va d’autant plus en l’encontre de son père. Ne pouvant aimer Gertrude, il préfèrera devenir moine et marquera ainsi son rejet total du père, et de sa condition d’homme.

Ayant recouvré la vue, Gertrude va découvrir la laideur du monde, ainsi que tout ce que le pasteur souhaitait lui cacher pour préserver son innocence. La chute est des plus brutale, et chacun sait comment cela finit. Le dénouement du livre est tout de même moins théâtral que l’adaptation, mais non moins tragique. Gide dénonce l’absurdité de la morale religieuse, quelle qu’elle soit, mais aurait pu être plus percutant en développant. Un joli roman tragique, mais trop rapide à mon goût.