A review by yuyine
Matin brun by Franck Pavloff

Matin Brun est une micro-fiction d’une douzaine de pages (vendu à moins de 3€) dont le titre évoque la couleur de l’uniforme du parti national-socialiste allemand. Elle se situe dans un univers contemporain où le parti au pouvoir, les Bruns, promulguent lois absurdes et censures de manière progressive. On y suit un personnage et son ami, qui, bien que parfois mal à l’aise avec la situation, s’y adaptent pour être tranquilles. C’est le récit d’une lâcheté ordinaire, de cette tendance de l’humanité à détourner le regard, même face à une injustice, pour conserver le confort de la tranquillité. C’est cette capacité à tolérer l’inacceptable tant que ça ne nous met pas totalement en porte-à-faux que dépeint avec beaucoup de justesse l’auteur dans un récit court mais terriblement marquant. Pas étonnant de voir le succès de cette nouvelle dans le contexte de la montée de l’extrême-droite. Parce qu’en si peu de pages, Franck Pavloff dresse un portrait glaçant et réaliste d’un citoyen lambda confronté à l’installation du totalitarisme contre lequel il ne fait rien. Par habitude, par lassitude, pas peur. Jusqu’aux regrets… Court, peu cher, c’est un très bon choix de lecture à faire passer à celles et ceux qui ne saisissent pas forcément l’horreur d’une telle prise de pouvoir. Essentiel.