A review by sassenak
La Bête by Zidrou

5.0

4,5/5 arrondi à 5/5.
Je n’ai jamais lu de BD avec le marsupilami mais c’est un personnage que je connais grâce aux dessins animés à la télévision (j’avoue : j’était déjà adulte quand je les regardais mais bon, même les BD sont parues alors que j’étais adulte !). Si la bestiole a pour certains une connotation enfantine, la couverture de cet album va vite les détromper : le marsupilami n’a vraiment pas l’air d’une adorable peluche et le titre n’arrange rien. Le relativement grand format s’approchant du carré est super pour mettre en valeur le graphisme (moins pour le glisser sur une étagère) et l’objet est beau et soigné. C’est déjà un régal de le tenir en main. Les dessins sont forts, avec un côté assez réalistes et le style plonge les lecteurs dans les années 1950, avec des couleurs un peu pâles, aux tons souvent gris ou sépia, qui noircissent l’atmosphère, la rendant humide et lourde. Il faut dire qu’avec cette réécriture de l’histoire du marsupilami, on est loin du monde aux tons gentillets habituels : la vie de François est loin d’être simple, entre la pauvreté et le harcèlement, les animaux qu’il recueille ont eux aussi soumis à la violence des humains et l’arrivée d’un spécimen inconnu et donc par défaut effrayant n’arrange rien quant aux réactions des gens gravitantc autour du gamin et de sa ménagerie. Forcément, aimant moi aussi les animaux, je ne peux qu’être aux côtés de François et de sa maman et trembler pour leur sort et celui de leurs protégés (Zidrou m’avait déjà fait pleurer toutes les larmes de mon corps avec une nouvelle de « La vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis et autres nouvelles qui font du bien » alors je crains qu’il recommence !). Je trouve que le récit est bien plus crédible que le mythe original du marsupilami car il est plus réaliste et n’occulte pas le danger que peut représenter un animal tout en montrant qu’il a aussi des sentiments et des ressentis émotionnels. L’histoire parle aussi de tolérance et d’acceptation de tout ce qui peut être différent mais aussi des normes imposées par la société et le poids de l’Histoire sur la vie quotidienne des individus (et l’influence des parents sur leurs enfants !). On est donc bien loin des albums jeunesse et c’est donc une lecture puissante et passionnante qui m’a prise aux tripes et m’a laissée très frustrée avec un suspense final qui va être long à subir avant de voir arriver le deuxième et dernier tome ! Mais dès qu’il paraitra, je vais me jeter dessus !