A review by riduidel
Simulacron 3 by Daniel F. Galouye

4.0

Il est des romans qui, sans être proprement exceptionnels, vous parlent avec une force peu commune. Celui-ci en fait partie, par les thèmes abordés ainsi que la manière de les traiter. La thématique, tout d’abord, ne semble actuellement en rien innovante. Peut-être qu’à la sortie du roman, en 1964, alors que [a:Dick|1655|Mark Twain|http://photo.goodreads.com/authors/1170645482p2/1655.jpg] n’avait pas, je crois, écrit ses romans les plus emblématiques (comme par exemple [b:Le dieu venu du Centaure|14185|The Three Stigmata of Palmer Eldritch|Philip K. Dick|http://photo.goodreads.com/books/1166585060s/14185.jpg|1399376], [b:Ubik|22590|Ubik|Philip K. Dick|http://photo.goodreads.com/books/1167352001s/22590.jpg|62929] ou d’autres), cette mise en abyme de la réalité était novatrice. Sans doute, même, que [a:Galouye|874602|Ursula K. Le Guin|http://photo.goodreads.com/authors/1200106182p2/874602.jpg] a été considéré pendant un temps comme un auteur très novateur.
Malheureusement pour lui, la réalité virtuelle est passée par là, et son habile [b:Simulacron 3|807801|Simulacron 3|Daniel F. Galouye|http://photo.goodreads.com/books/1226816768s/807801.jpg|793743] a du mal à courir après des oeuvres comme Matrix ou Existenz, sans même parler des innombrables romans de science-fiction évoquant l’impossible différence entre réalité et virtualité. Bien sûr, ce thème reste, et devient même chaque jour un peu plus, d’une brûlante actualité.
Toutefois, ce roman a largement vieilli, et le laboratoire hébergeant le simulateur, digne d’accueillir l’ENIAC, n’est vraiment plus au goût du jour. Dans le même ordre d’idées, les cylindres magnétiques à mémoire ne me semblent plus à la pointe du progrès. Cependant, le thème reste intéressant. Malheureusement, le scénario, digne de la quatrième dimension, n’est pas non plus réellement à la hauteur. Même si l’auteur, dans une veine typiquement lovecraftienne(1), espère nous demander si le héros est effectivement paranoïaque, ou si sa réalité n’est qu’une illusion. Bien sûr, le lecteur (moi, en l’occurence) a désormais suffisement d’éducation pour que, lorsqu’un directeur de recherche sur un projet de réalité virtuelle s’interroge sur sa propre réalité, il a bien raison d’en douter. Mais l’auteur ne le savait pas, et insiste donc douloureusement dans une veine qui ne lui apportera que des déceptions. Enfin, le dernier point réellement décevant est la conclusion, dans laquelle le héros se relève, dans une réalité plus réelle, et se dit qu’il est dans la réalité. Ne peut-il pas se demander si, à son tour, celle-ci n’est qu’un autre miroir d’ombres ? Apparement, non. Tant pis pour lui.
Bien sûr, cet avis va sembler très dur. Mais ça n’est pas le cas. Ce roman est assez agréable, comme curiosité historique. Malheureusement, il a trop vieilli maintenant, et devrait donc reposer au panthéon des gloires oubliées.

(1) Tout le monde sait en effet qu’il est plus facile de masquer l’apparition d’un monde venu d’outre espace derrière les anodines portes d’un asile d’aliéné que, par exemple, dans une secte sataniste.